Style: Modern Jazz
Origine: Rennes
Le 30 Aug 2024
Dans le microcosme de la scène jazz rennaise, Namas a su faire sa place. Sorti le 21 octobre dernier, leur premier album sonne comme une étreinte délicate et nous emporte dans leur univers jazz hip-hop moderne. Un trio sublime, actuellement en tournée et qu’il ne faudrait pas louper ! Le jeune groupe rennais à découvrir
Dans l’une des chambres d’un vieux manoir rennais, entre les murs recouverts d’une tapisserie psychédélique résonne l’osmose d’une contrebasse, un clavier et une batterie. Un air groovy qui se dévoile à huis clos, dans une conversation intime, presque mystique entre Gaël Bourgeault, claviériste, Victor Dubois, batteur, et Léo Debroise, contrebassiste. Confinés pendant le Covid, ces jeunes interprètes du Conservatoire rennais se laissent aller à l’improvisation d’une mélodie jazz. Petit à petit, l’échange prend forme, les morceaux s’enchaînent et Namas prend vie. Une petite tasse de thé qui refroidit dans un coin, un bâton d’encens qui embaume la pièce, les trois jazzmen composent leurs morceaux « sans prétention, pour le plaisir » décrit Gaël Bourgeault.
Cette musique n’est pas destinée à rester dans l’ombre. Franck Martin, ingénieur son tout juste arrivé à Rennes pour ouvrir son studio, le comprend à l’écoute du trio. « Il se dit qu’à Rennes, il se passe vraiment quelque chose, il y a un truc à faire avec les jeunes » dit Gaël, alors il accompagne le groupe vers un projet concret. Direction artistique, composition, direction musicale, il vogue aux côtés du jeune trio dans le vaste univers de l’industrie musicale. « Lui il dit des trucs, et il les fait. Et on les fait ensemble. C’est ça qui est génial » s’enthousiasme Gaël.
Un premier album : Tapestry
Le résultat d’une telle union est un délice auditif nommé Tapestry, en écho à la tapisserie hypnotique de la salle de répétition du manoir. Premier album de Namas, sorti en octobre dernier, il regroupe huit morceaux puissants qui nous emmènent partout, nulle part, on ne sait pas, mais c’est excellent. Une formation en trio dans la pure tradition du jazz classique, de laquelle ils s’affranchissent ensuite pour explorer les possibilités, mêler les influences et créer un cocktail explosif. « On n’a pas du tout envie de faire un jazz intellectuel, on a envie de faire une musique avec des influences hip-hop, reggae, dub, tout ce qu’on aime. Pas forcément d’en faire un truc de connaisseurs ou d’avertis ». Un jazz hip-hop moderne aux influences londoniennes, scène du jazz en ébullition, décomplexée et portée par l’exploration des styles.
« On garde ce truc de trio, de noyau fort. C’est une relation intime, et ça s’entend dans notre musique ». Tapestry, c’est aussi l’histoire d’amour d’une basse, d’un clavier et d’une batterie. La mélodie des touches bondit, gambade sur le rythme régulier que jouent les baguettes en écho à la voix grave de la contrebasse, celle qui harmonise les sons.
Mais les trois musiciens talentueux accueillent volontiers des sonorités extérieures qui donnent un nouveau visage à leur musique. Le chant d’un saxophone, une douce voix féminine ou la mélodie d’une guitare se mêle au trio et apporte un twist unique qui sublime les morceaux. Le disque est un recueil de poésie méditatif ou une cérémonie incantatoire appelant le public à se libérer. « C’est une musique qui est assez contemplative, les gens peuvent fermer les yeux et laisser parler leur imagination ».